L’harmonie dans la maison : une affaire de femmes ?
« Mais vous vivez seule, sans mari ni
enfants ? » Voici ce que j’entends fréquemment de la part de mes
clientes après que j’ai prôné devant elles l’ordre, le rangement et le tri.
La population
à qui j’ai affaire est composée majoritairement de femmes.
80 % dans mes consultations et à
95 % dans mes conférences.
Lorsque ce sont les femmes qui
font appel à moi pour venir expertiser leur maison, il arrive quelque fois que je
croise leurs maris. Assez fréquemment, c’est eux qui souhaitent me rencontrer
et font en sorte de me croiser en fin de journée de travail. Ils cautionnent la
démarche de leurs épouses, souvent disent-ils pour leur faire plaisir, parce qu’ils
ont le sentiment que c’est important pour elles. Car quant à eux, peu importe
la décoration de la maison : « ils sont bien partout ».
Certains hommes sont très
nettement hostiles à la démarche. Et lorsque je les croise, le blizzard semble s’être
installé dans la maison. Et puisque je parle de grand froid, un souvenir me
revient en mémoire : en plein hiver, vers 21 heures (avec cerise sur le
gâteau de l’inconfort, des bottes à talons), avec une cliente (affublée d’une
minerve suite à un torticolis) j’ai déplacé depuis sa maison à son garage au
fond du jardin, une table de salle-à-manger. Monsieur étant tranquillement
assis dans le fauteuil à côté de nous.
« Je passe mon temps à
passer derrière eux, à ramasser les manteaux tombés de la patère, ranger les
chaussures abandonnées … aux pieds du placard. Non seulement, ils ne font rien
ou pas grand’ chose mais ils remettent la pagaille systématiquement après que j’ai
passé une partie de mon week-end à ranger. Le linge sale traine par terre, les
verres sales s’accumulent dans l’évier. Le lave-vaisselle ou les gants M--A ?
‘connais pas ! Les livres entourent le lit auquel on ne peut même plus
accéder. Je trie régulièrement et tout aussi vite, il m’en ramène ».
« Il m’en ramène » : ce qui se joue dans la maison est
le révélateur des relations que nous entretenons les uns avec les autres. A ce
titre, on observera le « m’ ». La femme prend pour elle, ou plutôt
contre elle, ces agissements. « Il me provoque : je viens de passer
mon samedi après-midi à trier ce placard pour pouvoir y ranger, enfin, tout ce
qui jonchait le sol de notre chambre et je le retrouve en train de le remplir
de nouveau de tous ces vieux trucs qu’il passe son temps à récupérer et à
ramener chez nous. Là où certaines personnes ne voient pas le mal (« moi
je suis bien partout, avec ou sans désordre », d’aucun (d’aucune) le
perçoive comme un manque de reconnaissance, de respect.
J’ai entendu lors d’une
conférence une dame, bouleversée, nous raconter que dans l’unique salle de bain
de l’appartement, le seul espace rangé était à elle, dans un placard, sur son
étagère. Un jour, ô surprise en ouvrant la porte du placard : une boîte de
préservatifs. Appartenant à l’un de ses fils. (il ne s’agissait pas d’un paquet
de mouchoirs … !).
Ledit fils encore probablement sous
le choc de la réaction qu’il qualifia d’ « hystérique » de sa mère. Encore
sous le choc, pas si sûr … Car si j’en crois la dame en question, les consignes
et autres remarques qu’elles donnaient restaient en mémoire le temps d’un bâillement
…
Lorsque les relations
harmonieuses et équilibrées de la famille sont en jeu, quand certaines
personnes considèrent que leur espace vital est menacé, il me semble
indispensable d’en parler et de (re)fixer les règles : elles valent
individuellement, du plus jeune au plus vieux, des filles aux garçons, du père,
à la mère en passant par les enfants.
N’importe quand ? Lorsque le « fils
aux préservatifs » monte l’escalier en direction de sa chambre au pas de
course ? Un dimanche après-midi lors d’un grand prix de Formule 1 ? Après
que « fille aînée » vous ait confié que sa meilleure amie avait pris
soin de révéler SON secret devant toute cette bande de … à la récré.
Certainement pas : essayez plutôt la façon solennelle pour marquer l'importance : ce peut être un samedi soir, au moment de l’apéritif, au salon : convoquer une
Assemblée Générale Extraordinaire (on notera qu'on laissera l'option Ordinaire au placard) avec un ordre du jour nourri par chacun.
Les mots d’ordre : écoute silencieuse
et attentive – chacun parle à son tour - bienveillance – tolérance – bonne volonté.
Au préalable, on aura pris soin
de e préparer en convoquant tout l’amour et le self-control disponibles au
fond, tout au fond de soi et à la moindre envie d’exploser, on pratique la
respiration abdominale : j’aspire le positif et j’expire le négatif …
Bientôt une autre page,
peut-être et je l'espère vivement, de récits où les messieurs seront mes interlocuteurs privilégiés !
Après 8 ans de pratique, mon constat est le suivant : l’intérieur est une affaire que les hommes délèguent aux femmes (ou que les femmes ravissent aux hommes ?).
Et les hommes sont à l’extérieur ? A la chasse pour rapporter le
gibier ? Un homme qui s’intéresserait à la décoration de sa maison
pourrait-il avoir peur d’être jugé trop féminin ?
Le Feng Shui est un art/science
taoïste : à la recherche de l’équilibre.
Que les hommes soient les
bienvenus au moment de la réflexion qui précède les choix de l’agencement de
leur intérieur. Pour peu qu’on les encourage à le faire, ils ne sont pas avares
de commentaires. encore faut-il qu'ils s'autorisent à exprimer leur part Yin, intuitive, sensible, de s’exprimer
en déclarant leurs préférences en matière de couleurs, d’atmosphères.
A chacune d’exprimer sa part Yang
en usant de fermeté lorsqu'elle doit faire respecter son travail. Mais Mesdames, pour l'amour du ciel ! dès qu'ils entreprennent de mettre du linge à l'air, évitez de leur reprocher de mal poser les épingles ou pire encore, de repasser derrière eux en maugréant ... A bon entendeur ...
De tout cœur avec vous !
Commentaires